Comment as-tu rencontré la spiritualité chamanique ?
Il y a trois ans, pendant quelques semaines j’ai porté la vie. Et puis j’ai décidé en conscience d’arrêter ce processus, parce que le contexte dans lequel j’étais à l’époque était compliqué et douloureux.
Cela a été une épreuve et en même temps j’ai énormément de gratitude envers cette expérience de vie. Elle m’a amenée sur des chemins de guérison incroyables, et d’expansion. Au-delà de la guérison, une fois ce premier cap franchi, j’ai rencontré de vrais espaces d’ouverture au fond de moi et autour de moi.
Sur ces chemins, ce n’est pas tant le chamanisme que j’ai rencontré, c’est le Féminin Sacré qui m’a tout d’abord appelée.
La féminité blessée au cœur, la matrice qui saigne. Après mon avortement j’ai saigné non-stop pendant 2 mois. C’est à travers une expérience douloureuse que j’ai contacté ma matrice, mon utérus. Je ne l’avais jamais sentie, je n’avais jamais dialogué avec cette partie-là de mon corps.
Tu vivais déjà une connexion spirituelle ?
Oui, assez forte. J’ai reçu une éducation catholique et même si j’ai fortement rejeté le dogme religieux à l’adolescence, j’ai encore aujourd’hui un lien très fort avec la spiritualité chrétienne. Ce qui m’a marqué le plus enfant c’est le concept de “foi”. La foi absolue en l’Amour du Christ mais au-delà de la personnification, la foi absolue en la lumière divine.
J’étais donc déjà sur un chemin de spiritualité et parallèlement aussi très ouverte à tout ce qui est de l’ordre de l’énergie, du subtil, mais je n’avais jamais vu la spiritualité de manière genrée. Et même si je sais aujourd’hui que la finalité c’est l’unité, j’ai eu besoin d’aller explorer, d’aller me réconcilier avec la femme que je suis, dans ce corps, dans cette vie.
Cela a vraiment été comme un appel. Il y a eu plein de coïncidences et de synchronicités. Tout de suite après mon avortement, j’ai commencé à voir passer des articles qu’avant je n’avais pas vu, ou sur lesquels je ne me serais jamais arretée. Notamment concernant les œufs de Yoni.
J’en ai lu un à peine 2 ou 3 jours après et ça m’a vraiment interpellée. Cela faisait résonance avec ce que je venais de vivre. J’ai senti qu’il y avait là un chemin pour moi de réconciliation, de guérison au creux de mon corps. Cependant, même si ce sont les œufs de Yoni qui ont ouvert une boîte de Pandore énorme, je n’ai pas du tout une pratique régulière aujourd’hui, j’espère que cela viendra.
A l’époque j’ai donc commencé une phase où j’engrangeais de l’information, je lisais beaucoup, j’avais soif de comprendre. Cela m’a amenée notamment vers le Tao et la féminité sacrée.
Entre-temps j’ai commencé une thérapie, car j’avais besoin de poser des mots sur mes émotions et mes ressentis, d’être soutenue dans l’intégration de ce traumatisme.
Six mois plus tard, un peu “par hasard”, je suis tombée sur l’annonce d’une conférence à laquelle Aude FERTE participait. J’étais déçue car la conférence était déjà passée, mais je suis allée voir son site internet. J’ai découvert qu’elle animait un stage sur le Féminin Sacré, cependant l’année n’était pas précisée, je n’étais pas sûre qu’il soit d’actualité. Quand j’ai vu ce stage, j’ai senti qu’il fallait que je sorte des livres et que je vive, que je vive vraiment, que ça passe par l’expérimentation. Le stage proposé était sur 6 mois, ce qui laissait le temps au chemin de se faire. Je trouvais le format parfait, dans le bon timing.
Un 23 ou 24 décembre, je lui ai envoyé un mail, et le jour de Noel elle m’a répondu qu’il y avait encore des places !
Finalement, le chamanisme n’est pas ce que je revendique. Il s’est simplement présenté sur mon chemin.
Comment fais-tu le lien entre ta spiritualité et cette rencontre avec le chamanisme ?
J’ai trouvé très rassurant d’entendre parler de Jésus en tant que maître spirituel dans cette vision du chamanisme, au même titre que Bouddha, Marie-Madeleine et tant d’autres. J’ai alors ressenti que tous les chemins ne sont qu’un.
Même si j’assumais ouvertement de mieux en mieux ma spiritualité chrétienne, j’ai été rassurée de sentir que Jésus était reconnu ici aussi. C’était une sorte de réconciliation, de reconnaissance. A aucun moment je n’ai été amenée à choisir quoi que ce soit. Je ne me sens pas d’un courant, mais de tous les courants.
Comment te sont venues tes premières inspirations de chants ? Comment as-tu créé tes premières chansons ?
Il y a eu un moment important il y a deux étés, avant que je vive ma première cérémonie en tant qu’assistante auprès de Aude, la Chamane. J’ai fait une série de soins énergétiques avec canalisations, avec Magali. Elle m’a beaucoup aidé à défaire les derniers fils nocifs dans lesquels j’étais à l’époque. Dans le dernier soin, il y a eu une libération de la gorge et du cœur, le message était qu’il fallait que je chante avec le cœur.
Pour revenir vraiment aux origines de ce que représente le chant pour moi, il faut que je parle de ma mère. Elle a toujours beaucoup chanté elle aussi, j’ai grandi en l’entendant chanter à la maison et à l’église. Elle animait régulièrement des messes, des célébrations et je me rappelle que je l’écoutais, assise sur les bancs. Sa foi chrétienne est également proche de quelque chose de l’ordre du mystique et je pense qu’enfant j’ai dû ressentir qu’il y avait quelque chose de plus qui passait à travers sa voix et les psaumes, bien plus vaste qu’il n’y paraissait. C’est elle qui m’a transmis le chant comme une spiritualité, une foi, une vibration qui permet de se relier à Dieu, à l’Univers, à la Source de toute vie, quel que soit le nom qu’on lui donne. Pour l’anecdote, bien des années plus tard, j’ai invité ma maman à une cérémonie avec Aude pendant laquelle j’accompagnais avec mes chants. C’était un moment très beau, j’ai eu l’impression de lui dire “le relais est passé”.
Je chante depuis longtemps, cela fait des années que je chante, depuis que je suis petite et surtout depuis que je joue de la guitare. La guitare est un vrai support pour pouvoir chanter. Il y a eu une interruptions pendant mes années d’études. Je suis partie de chez mes parents sans ma guitare et j’ai donc arrêté de chanter. Je ne le regrette pas, j’avais plein d’autres choses à vivre et à expérimenter. Quand cette époque s’est terminée, je me trouvais dans une période de transition et je suis revenue passer une petite année chez mes parents. C’est là que j’ai retrouvé ma guitare !
A cette époque, je sortais d’une séparation douloureuse et compliquée et me remettre à la guitare a été très thérapeutique. J’expérimentais alors que la musique et le chant peuvent soigner.
Mais à l’époque, je chantais beaucoup de complaintes, les chansons d’amour sont bien trop souvent des chansons tristes, de cœur brisé, de nostalgie, de mélancolie. Et c’est là que je comprends que la guérison n’était pas complète. Ça m’avait fait du bien de me défouler, mais je n’avais pas l’élévation après. Je m’étais délestée, déchargée d’un poids, mais il n’y avait pas eu d’expansion .
Je ne chantais que des reprises, beaucoup de folk, de pop, du rock un peu et surtout de la country, à l’ancienne. J’aime beaucoup, c’est une sorte de fantasme pour les Etats-Unis, l’Amérique, et cette musique rurale, du fond des montagnes, m’attire énormément. Comme le jazz de la New Orleans d’ailleurs. Il y a une force de vie dans ses musiques et dans leurs interprétations qui m’a toujours beaucoup touché.
Donc, en résumé, je chantais beaucoup mais des chansons aux messages parfois lourds et que je n’avais pas écrites. Je commençais à pressentir qu’un tournant s’annonçait et que l’invitation était de relier le cœur à la voix. Et là, j’ai reçu mon premier tambour !
C’était en octobre 2020. Le soir même, je me suis laissée aller à jouer, à battre du tambour pendant un long moment et au bout d’un certain temps j’ai commencé à fredonner un petit air sur lequel sont rapidement venues s’ajouter des paroles. C’était comme une proposition qui m’était faite, me souvenir de qui je suis en restant simplement à l’écoute du courant de vie : « Entends ce chant et souviens toi ton nom ; il vient de loin, il est porté par le souffle du vent”…
J’étais dans un état de réceptivité, de calme, je n’attendais rien. C’est comme cela que j’ai reçu mon premier chant et c’est peut-être là qu’est née la Magie.
Et quand est née Céline Rose ?
On peut le faire remonter au premier chant… Au fil des cérémonies, j’ai pris conscience de mon pouvoir de guérison par le chant. Généralement, les chants que je recevais étaient synchronisés avec les cérémonies, dans leurs thématiques. Ce sont les retours des participants qui m’ont amenée cette conscience du pouvoir de guérison par les chants.
En même temps, les chants sont des soins, c’est une des plus anciennes formes de prière de l’humanité.
Quelques mois plus tard, j’ai fait un soin avec Aude pendant lequel elle m’apporte le message que ce premier chant venait de loin, qu’il avait traversé les âges depuis mon passé d’amérindienne. Une petite fille muette qui ne pouvait pas chanter mais qui avait longuement entendu et retenu tous les chants de sa tribu. Et ce sont ces fragments de mémoire qu’elle me restitue aujourd’hui. Elle m’a annoncé qu’il y en aurait d’autres, sur le coup je ne l’ai presque pas crue.
A travers ces différents événements, messages et retours, je crois que j’ai commencé à prendre conscience qu’il y avait quelque chose de sacré dans ce que je recevais.
Il y a une différence sur la façon dont tu reçois ou tu travailles tes chants ?
Oui, il y a des chants que j’ai reçus de manière très instantanée, très claires, comme déjà construits. Ils se sont imposés, c’est comme une pure canalisation, où je ne choisis ni les paroles, ni la musique. Comme une écriture automatique.
Et il y a en a d’autres pour lesquelles je sens que le processus vient également prendre appui sur mes expériences de vie.
Il y a toujours quelque chose au-delà de moi quand ça vient, mais sur ceux-là, je sens que je peux composer. Dans tous les cas, je ne choisis pas le moment où ça vient, ce n’est pas un processus conscient et provoqué et à chaque fois le message de ce qui doit passer dans la chanson est très clair. Je suis traversée, dans les 2 cas.
Il me semble que certains chants prennent racine dans des évènements que je traverse personnellement et que je ne peux pas les écrire tant que je n’ai pas moi-même vécu, expérimenté, ressenti dans ma chair l’enseignement dont ils sont porteurs. Ils sont pour moi comme un apprentissage, une invitation. Laisser venir à moi les bons mots, les paroles justes. Et un support merveilleux de mes propres guérisons.
Je me rends compte aussi qu’au-delà de moi, ces histoires au départ plus personnelles recèlent toujours un message universel, qui peut s’adresser à tous.
Alors que les chants qui me semblent directement canalisés, comme par exemple le chant du tambour, glissent à travers moi d’un bloc. Pour celui-ci, j’ai eu un air très fort dans la tête, je me suis assise, j’ai écrit et tout était là.
Je sens la différence entre les deux processus, cela fait partie de mon apprentissage. Hier par exemple, j’ai terminé d’écrire une chanson pour laquelle je sentais depuis le début qu’il manquait quelque chose.
Autre exemple : le printemps se lève est une chanson que j’ai commencé à écrire en plein hiver et que je n’ai pas pu terminer avant le printemps ! Comme si je devais vraiment expérimenter le passage de l’hiver au printemps pour pouvoir vraiment le mettre en mots et en musique.
Quand tu chantes, tu es accompagnée de quels instruments ?
Principalement de ma guitare, parfois du ukulélé, du tambour ou bien d’un simple hochet.
Je ne me considère pas spécialement guitariste, je m’accompagne de cet instrument comme support pour les chants. C’est encore relativement timide mais de plus en plus j’arrive à sortir de l’aspect purement technique, à avoir moins peur des fausses-notes et à me laisser aller, à me laisser guider instinctivement par les arpèges.
Pour le tambour, l’aspect instinctif est immédiat, contrairement à la guitare. J’aime sentir que passé un certain seuil, je suis emportée par le rythme, je me fond dans ces battements, tout devient fluide, que des espaces se créent autour.
Merci infiniment, Céline ROSE, pour ce récit ouvert sur celle que tu es !
05 avril 2022
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